Des élections locales ont eu lieu en Turquie le 31 mars 2011, lorsque le parti au pouvoir «Justice et développement», ainsi que son allié de la coalition, «Action nationaliste», ont perdu leur poste de maire d’Istanbul, bien qu’ils aient remporté une victoire recevant 51,64% de votes [i].
Le candidat du parti d’opposition républicain du peuple (CHP), Ekrem İmamoğlu, a été élu maire d’Istanbul avec un nombre de votes légèrement différent (selon les résultats du recomptage de 14 000 de votes) [ii] laissant à la deuxième place le candidat de l’AKP Binali Yıldırım. Cependant, les processus post-électoraux sont venus prouver que le président Erdogan ne va pas perdre si facilement le cœur du pays et le transmettre au parti apologiste de la laïcité, fondé par Kemal Ataturk.
Immédiatement après que les résultats du vote deviennent clairs, des appels ont commencé par l’AKP et le CHP, à la suite de quoi le recomptage des votes a commencé le 3 avril dans 18 arrondissements d’Istanbul [iii] qui n’a pas donné le résultat attendu du parti au pouvoir. Le 16 avril, les deux partis susmentionnés ont demandé à « la Commission électorale centrale » de la Turquie d’annuler les résultats des élections du 31 mars et d’organiser de nouvelles élections [iv]. La décision de la CEC du 6 mai [v] de satisfaire ce dernier est devenue le début d’une nouvelle phase de la crise post-électorale en Turquie. Ces derniers jours, le Gouvernement turc est occupé à réagir aux accusations internationales sur la démolition des valeurs démocratiques portées contre lui.
Dans les fondements juridiques de la décision prise par la CEC était marqué le fait que les présidents et les membres de plusieurs commissions de bureaux de votes n’étaient pas des fonctionnaires, alors que la loi contient un article clairement défini sur cette exigence. Ekrem İmamoğlu a été l’un des premiers à réagir à cette décision, qui, en fait, avait assumé officiellement les pouvoirs du maire le 17 avril. İmamoğlu, en critiquant strictement cette décision, a expliqué que les élections présidentielles de l’année dernière et le référendum sur l’amendement constitutionnel avaient été organisés avec la même composition de la commission, donc leurs résultats doivent également être contestés [vi]. La réaction internationale aussi n’a pas tardé. Le 7 mai, le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, a qualifié la décision de la Commission électorale centrale comme «contenant un grand dégât possible pour la confiance des électeurs». Le député du Parlement européen, le rapporteur pour la Turquie Kati Piri a accusé le parti au pouvoir et Erdogan d’exercer une pression sur la CEC [vii]. Dans une déclaration commune sur Twitter faite par les hauts fonctionnaires de l’UE, Federica Mogherini et Johannes Hahn ont mis en question la base juridique de la décision et ont exprimé l’espoir que la Turquie assure la présence d’observateurs internationaux [viii]. Il y a eu aussi des réactions critiques de niveau élevé de la part de l’Allemagne [ix] et des États-Unis [x] où les pays exprimaient leur inquiétude au sujet de « valeurs démocratiques » qui sont menacées en Turquie. Le ministère des Affaires étrangères de la Turquie exhorte tout le monde à faire preuve de respect pour la décision adoptée.
La phrase favorite d’Erdogan, « Le vainqueur à Istanbul gagne dans toute la Turquie », reflète l’importance de la ville dans la vie du pays. Avec une population d’environ 15 millions d’habitants, Istanbul est une sorte de « morceau gras » avec ses capacités économiques, culturelles et financières que le parti au pouvoir et le président Erdogan sont prêts à faire tout leur possible pour le garder entre les mains y compris résister à ces critiques sévères internationales et de politique intérieure. Pour Erdogan, la position du maire d’Istanbul revêt également une signification particulière, parce qu’elle est devenue le point de départ de son bouleversement politique.
En même temps, la décision d’organiser de nouvelles élections est une étape risquée pour le parti au pouvoir, car la réputation croissante d’İmamoğlu se renforce au vu de la situation actuelle. İmamoğlu dispose d’une énorme armée de partisans, qui ont immédiatement déclenché des vagues de manifestations massives dans plusieurs quartiers de la ville juste après l’annonce de la décision. En tout cas, il ne faut pas sous-estimer l’AKP au pouvoir. Ce dernier est entré dans un combat décisif et fera tout son possible pour réussir cette dernière chance avant les nouvelles élections à venir le 23 juin.
[i] 31 Mart Yerel Seçim Sonuçları”, SECIM.HABERLER.COM, /https://secim.haberler.com/ [ii] İşte İstanbuldaki 21 ilçede yeniden sayılacak 51 sandık (2019 yerel seçim),NTV,09.04.2019 https://www.ntv.com.tr/2019-yerel-secim/iste-istanbuldaki-21-ilcede-yeniden-sayilacak-51-sandik-2019-yerel-secim,DmvWGzZcJUWuS1RSZgHOng [iii] “Son dakika… İstanbul’da 18 ilçede oylar yeniden sayılıyor”, Hürriyet [iv] “Son dakika… AK Parti’den YSK’ya İstanbul için olağanüstü itiraz başvurusu sonrası ilk açıklama”, Hürriyet, 17.04.19 /http://www.hurriyet.com.tr/gundem/son-dakika-ak-partiden-yskya-istanbul-icin-olaganustu-itiraz-basvurusu-41184750 [v] “YSK, İstanbul seçmlerinin yenilenmesine karar verdi”, Anadolu Ajansı, 06.05.19 /https://www.aa.com.tr/tr/turkiye/ysk-istanbul-secimlerinin-yenilenmesine-karar-verdi-/1471878 [vi] “Son dakika… Ekrem İmamoğlu’dan YSK kararı sonrası açıklama” , HABERTURK,07.05.19 /https://www.haberturk.com/son-dakika-istanbul-buyuksehir-belediye-baskani-ekrem-imamoglu-ndan-tek-kelimelik-yorum-2453800 [vii] “YSK kararına Avrupa’dan eleştiri”, DW Türkçe, 06.05.19 /https://www.dw.com/tr/ysk-karar%C4%B1na-avrupadan-ele%C5%9Ftiri/a-48626323 [viii] ” YSK kararına AB ve Almanya’dan tepkiler sürüor”, DW Türkçe, 07.05.19/https://www.dw.com/tr/ysk-karar%C4%B1na-ab-ve-almanyadan-tepkiler-s%C3%BCr%C3%BCyor/a-48631750 [ix] ” YSK kararına AB ve Almanya’dan tepkiler sürüor”, DW Türkçe, 07.05.19/https://www.dw.com/tr/ysk-karar%C4%B1na-ab-ve-almanyadan-tepkiler-s%C3%BCr%C3%BCyor/a-48631750 [x] “ABD: Sağlıklı bir Türk demokrasisi herkesin çıkarına”, DW Türkçe, 08.05.19 /https://www.dw.com/tr/abd-sa%C4%9Fl%C4%B1kl%C4%B1-bir-t%C3%BCrk-demokrasisi-herkesin-%C3%A7%C4%B1kar%C4%B1na/a-48646079Bibliographie
«Auteur: Anahit Karapetyan. © Tous droits réservés.»
«Traduit par Lilith Pétrossian.»