En 2016, en visitant le Musée des arts modernes de Cracovie (MOCAK), j’ai vu de nombreuses œuvres, qui étaient loin de la vivacité laïque et de l’amour de la vie, et comme Alain Badiou l’aurait dit, ces œuvres étaient empreintes du corps, du terminable, de la mort, de la souffrance, de la férocité et de la sexualité. On met en preuve les organes de sens du visiteur par un sculpture immobile, qui a l’air d’un crâne, sur lequel le visage de l’auteure est projeté portant de nombreux couteaux en soi; par le corbeau, qui crie d’un coup sur le visiteur et prononce cette phrase: «Je vois, je vois», ce qui veut dire qu’il te suit, par «le rouge» qui limite les libertés de l’homme et qui apparaît de chaque pore et de chaque trou de la mur (cela se réfère aux protecteurs du régime soviétique), par les images difformes pareilles aux parties du corps humain et par d’autres œuvres de ce genre.
Les œuvres pareilles donnent à penser que l’intérêt envers la beauté a cédé sa place à la souffrance, à la férocité et au charnel. Cela est caractéristique non seulement au Musée de l’art moderne de Cracovie, mais aussi aux nombreux musées et expositions pareils. L’étude de quelques exemples en Arménie en est un autre argument. On se pose la question, pourquoi l’art moderne «dans les recherches sublimes de l’infinie» s’arrête sur le charnel et le terminable.
Il est à remarquer, que l’étude du charnel n’est pas propre seulement à l’art moderne. Le romantisme, contrairement à l’art moderne, avait comme but l’exposition de la sublimité, de l’héroïsme, de la liberté de l’âme de l’être humain, de ses luttes intérieures, la glorification des idées humanitaires. Une telle expressivité, par d’autres manifestation, est présente aussi dans l’expressionisme, ici les images sont altérées, exagérées, déformées pour transmettre une certaine tension, ce qui était la réponse aux violences de l’époque, aux guerres mondiales, aux génocides. À leur tour, le réalisme et le surréalisme représentent une réalité, chacun selon ses critères, qui n’était pas présentée d’ici là et dont l’identité choque le visiteur. Mais en généralisant, il est à noter, que tous courants, contrairement à l’art moderne, en présentant la sensibilité, la souffrance, la violence, la férocité du quotidien, parallèlement donnaient l’importance au côté esthétique et à ce que ça soit agréable pour l’œil.[i]
En vingtième siècle l’art et la moralité étaient liés; c’est ce lien que l’art postmoderne cherche à rompre, en tuant la beauté et en s’opposant contre les valeurs sociales présentes. D’autre part, par la suite de la vulgarisation et de la consommation de la beauté, l’homme n’a pas d’exigence de posséder la nouvelle beauté, ce qui porte au besoin du choix alternative. Aujourd’hui le jolie s’identifie à la consommation. Ce qui est jolie, est aussi à vendre, et l’art moderne tâche de contredire au statu d’article commercial de l’œuvre d’art. De cette façon l’art cesse d’être une maîtrise. D’habitude on associe l’esthétique avec des idées de l’harmonie, de la régularité et de l’unité organique. Pour cela le mariage des conflits, du positif et du négatif est important. Mais pour certains, l’esthétique est un aspect de l’optimisme, qui ignore l’expérience tragique. Pour les autres, l’esthétique est liée aux sensations positives, qui éloigne les négatives. C’est l’impossibilité du mariage de ces différenceս qui a porté à l’antiesthétique.
En présentant le terme de l’esthétique, Hal Foster avait en vue une pratique, qui déniait le rôle prédominant de l’esthétique. L’art antiesthétique a ses manifestations dans l’art postmoderne, particulièrement dans l’art camp[ii] et d’abjection[iii]. Les œuvres pareilles sont antiesthétiques, absurdes, désagréables, parfois dégoûtantes et insolite pour le spectateur; notons comme exemple les excréments glacés, emballés de matière plastiquée de verre, l’ordure, des cadavres, des parties coupées du corps, des sculptures couvertes par le sang, des morceaux de la viande, des hybrides de technique et humains, des corps, dont le sexe est changé, des expositions des opérations médicales.
Selon Baudrillard c’est la fin de l’art, c’est l’existence de l’art après sa propre mort. La reconquête et la réparation des formes de passée contiennent de l’ironie et de la moquerie. Son but est de désespérer le spectateur par tous les moyens possibles, en imitant, en niant et en se moquant de l’art et de l’histoire de l’art. Son but est aussi de monter l’insignifiance de l’art, de susciter l’indifférence chez le spectateur, car nous vivons dans le monde de publicité et nous constatons le cas, ou toute chose veut être mise en publicité, et l’art, au contraire, montre sa nullité.
Aujourd’hui l’art est tout à fait conceptuel, le concept est fétichisé, c’est à dire pas sa valeur réelle, mais sa forme abstraite. Si Ive Klein, le vendeur de l’air, vend du concept dans la salle d’exposition, dans l’art moderne ce concept est déjà absent, il est vide. Baudrillard croix, que l’art est en voie de disparition.
En acceptant que chacune des œuvres d’art citées ci-dessous a une problématique à part[iv], notons, quand même, quelques raisons, qui montent pourquoi certains artistes modernes créent ou montrent la réalité sans aucune compassion envers le spectateur ou envers son héro, en marginalisant ainsi l’élément de l’esthétique.
Dans la société actuelle l’idéologie du bonheur est présente, on fait appel d’être heureux, de vivre le présent, de jouir chaque instant de la vie. Ce n’est pas condamnable, bien sûr. Mais les visages heureux qui nous regardent de différents panneaux publicitaires et l’accentuation du bonheur et de la luxe, créent un mythe, selon lequel, nous vivons dans une société absolument heureux, ce que nie, en effet, l’existence de l’autre côté de la vie, de la violence, de la pauvreté et d’autres phénomènes pareils. Et puis, on a l’impression, qu’un bonheur parfait existe, vers lequel on doit aller continuellement moyennant de l’argent, du succès, de la consommation. C’est à dire, le bonheur devient un mythe contre lequel l’art agit. La passion pour la violence et la souffrance est le côté contraire de cette idéologie. Comme note Badiou, la présentation de la souffrance, de la douleur et de férocité est une prise de position critique contre le mythe de l’idéologie du bonheur, et l’opposition est une nécessité d’art.
La perfection humaine est une autre narration contre laquelle l’art moderne lutte dès les temps Lumières. Dans l’époque postmoderne, la déception envers la perfection humaine a suscité un anticulte relatif; comme résultat l’étude des manifestations[v] frontières, sans position et de sa nature devient logique.
Pour l’homme d’aujourd’hui est caractéristique l’étude des manifestations frontières et de sa nature, dans les conditions de la crise humaine et des changements de la réalité (selon Gagik Soghomonian), et en s’ajoutant à la surcharge et à la consommation passive de l’information, cette étude provoque l’assourdissement des émotions. L’étude de la douleur et de la souffrance sans compassion, des mutations corporelles sans aucune norme peut être considérée comme le résultat de cet assourdissement.
L’une des raisons c’est que l’art moderne n’a pas une problématique de jouer un rôle instructif et éducatif, comme cela se faisait en Moyen âge, pour présenter, glorifier ou diffuser des idées religieuses, ou bien en époque Lumière, quand le but de l’art était de former, illuminer et libérer l’homme. Le fait, que les musées représentants l’art de la période précédente du vingtième siècle ont de nombreux programmes éducatifs pour les enfants, tandis que les musées de l’art moderne sont plus passifs de ce point de vue, en est une preuve. C’est tout autre chose, s’ils eussent un effet éducatif, sans le vouloir, mais en donnant à penser aux visiteurs.
Sauf cela, l’art d’aujourd’hui n’a pas comme but de devenir une consolation contre les «impuretés», injustices et les côtés laids de la vie, comme c’était avant, prétend Arthur Danto. L’art a cessé de consoler. La beauté est une consolation, mais il est inutile de répondre aux côtés laids de la réalité par la beauté. Tout au contraire, l’art a commencé à accuser, critiquer, lutter de plus en plus pour changer quelque chose, en devenant politique. La beauté signifierait qu’on s’adapte aux injustices dominantes, aux normes sociales établies et à la situation politique. À cause de cela les moyens d’expressions de l’art se sont transformés de la beauté idéale à l’antiesthétique.
Il paraît, qu’à notre époque, tous les moyens d’expression et toutes les formes sont déjà inventées, et il est impossible de créer quelque chose de nouveau. Mais l’art a un désir permanent d’inventer le nouveau. Le recours au terminable, aux corps laids ou souffrants est l’un des moyens de cette représentation. Badiou compare l’art avec «une attaque inattendue» et avec la surprise et la passion pour le terminable est l’un des moyens de l’organisation de cette attaque. C’est une parole non prononcée, autour de laquelle on fait de l’expérimentation.
La plupart des psychanalystes, et Vigondski en particulier, lient l’art avec un tel phénomène comme «l’autopurification», ce qui est la libération des émotions fortes ou bien retenues. Ce phénomène a une nature ambivalente. Par exemple, l’acteur, qui incorpore un personnage négatif, a les sentiments et pendant son jeu il montre aussi les sentiments qu’a son héro, mais le rôle déjà joué il ne garde pas en soi ces sentiments; c’est le spectateur qui porte avec soi tous les sentiments, que l’acteur présentait. On peut dire, que l’affaire de la culture visuelle a le même effet, c’est à dire l’artiste, en présentant des images, des objets et des scènes laids, féroces, dégoûtants, se débarrasse de ses sentiments négatifs. Dans ce cas la, l’art servit comme un moyen de réformation cognitive.
L’art, dont le but est d’être «dégoûtant», serra efficace seulement dans le cas, où le spectateur est encore capable d’avoir cette sensation. Et si le goût répugnant devient un critère rependu et une norme, la création du dégoûtant n’aura aucun sens, car il cessera de sembler répugnant, ou il deviendra agréable ou ennuyant. Dans tous les cas il ne réalisera son but. Quand même, quelques théoriciens notent, que le goût répugnant, effrayant est devenu normal, en prenant la place du goût de la beauté. En outre, l’art pareil est parfois illisible pour les grandes masses de la société, qui n’ont pas une base de formation dans ce domaine. Pour cela, il faut faire de commentaires supplémentaires, pour que cet art soit conçu comme art.
Pourtant, certains auteurs préviennent les dangers de l’abus de l’antiesthétique. Mario Perniola, en particulier, prétend, que l’art pareil plutôt accentue les horreurs de l’antiesthétique au lieu de proposer un choix alternatif, de cette façon il renforce cette horreur. Paul Virilio appelle cette tendance la rénovation de l’horreur, le divertissement de la mort. En résumant par les propos de Badiou notons que l’un des problèmes de l’art moderne c’est de ne pas se passionner 1) pour la rénovation formelle et pour l’expérimentation (passion de tout représenter et de tout critiquer) et 2) pour le charnel, la férocité et le terminable.
Bibliographie
[i] C’est l’une des tendances de l’art moderne, mais pas l’unique
[ii] Selon la définition de Susan Sontag
[iii] Terme indroduit par Julia Kristeva
[iv] En particulier, les problèmes strictement personnels, ethniques, d’identité, des libértés, de l’égalité entre les genres et d’autres
[v] Les manifestations comme le clonage, le cyborg, le mutant. La trasformation de la nature, des caractères physiques et de l’âme de l’homme de l’état naturel à l’état artificiel, en conséquence du développement de l’ambiance théchnogène, le changement du système de valeur et des repères du sens de la vie, l’affaiblissement des rapport et des relations sociaux
Auteur: Marine Khachatryan. © Tous droits réservés.
Traduit par Anouch Nikoghossian.