La prophétie de Tcharents sur la collectivité nationale

Le problème de l’unanimité et d’existence existait pendant toutes les périodes de l’histoire arménienne à cause de dissension des seigneurs et aussi du peuple, et jusqu’à présent cette question est d’actualité. Mais au vingtième siècle Yéghiché Tcharents a formulé par son œuvre la question de base pour tous les temps qui ont traversé les siècles et atteint les nouvelles générations: quelle est la cause de notre infortune nationale.

Le but de cette analyse est de révéler les quêtes et les déductions de Yéghiché Tcharents en tant qu’un écrivain et un penseur qui se trouve sur le chemin de la fortune nationale.

«Le dantesque» arménien

Dans le monde infini des émotions humaines, dans les recherches complexes de l’amour, de nostalgie et du sens de vie Tcharents a établi son dévouement à la partie. La tragédie de la douleur nationale et l’espoir de la renaissance sont devenus la pierre angulaire de ses expériences, la base d’expression de soi et de la connaissance de soi. Arrivant jusqu’à Van avec les armées volontaires dans l’espoir de salut le poète voit l’état réel de la patrie et il écrit le roman «La légende dantesque» de 1915 à 1916 par l’impression directe de ce qu’il a vu et ressenti en 1915-1916, il écrit le roman «La légende dantesque». Dans son œuvre le poète reproduit l’infortune nationale. Il ne parle pas des causes de la grande tragédie dans le poème mais il établit les bases pour la formation de ce jugement, qu’il allait écrire en 1933. Dans le poème, nous voyons l’image de la patrie détruite, les ruines de l’Arménie et les germes du problème de la collectivité nationale se créent dans l’œuvre de Tcharents, qui devraient se transformer ensuite en poèmes «Vahagn» (1916) et «Le rêve national» (1917).

Notre étude ne se focalise pas sur une seule œuvre,  on a essayé de révéler les sources de la prophétie de Tcharents («Peuple arménien, ton unique salut est dans ta force d’unité»), d’où il a commencé, son chemin et ses résultats.

Donc «Vahagn» complète «La légende dantesque» du point de vue idéologique. Dans cette petite œuvre qui a un contenu de haute valeur, l’image de la vie nationale se dessine. L’auteur se révolte d’une rage intérieure contre toutes les promesses vaines et les manquements qui étaient faits auparavant par les hommes d’affaires (les révolutionnaires) sur le rétablissement de l’unanimité de la patrie et de l’idéologie nationale. (Ici il est à noter les espoirs du peuple liés à la Première République et à sa direction).

«…Եվ հավատացինք, հարբած ու գինով,

Որ դու կաս` հզոր, մարմնացում Ո՛ւժի-

Իսկ նրանք եկան` արյունով, հրով

Մեր երկիրը հին դարձրին փոշի…»:

Et cette patrie ruinée vivait à l’intérieur de Tcharents et la situation présente déplorable de cette patrie et l’incertitude vers l’avenir l’oblige à assombrir ses paroles et à s’adresser avec reproche à ceux qui étaient devenus la cause de ruinement de la patrie et du peuple.

« …Եվ երբ քարշ տվին դիակդ արնաքամ,

Որ նետեն քաղցած ոհմակներին կեր-

Մեր կյանքի հիմերն անդունդը ընկան

Եվ արնոտ միգում ճարճատում են դեռ…»:

Le rêve national

La révolution apporte de nouveaux espoirs que Tcharents a dépeint dans le roman «Un rêve national» écrit en 1917. L’œuvre commence par un rêve et il se termine par un réveil. Les actions se développent dans le rêve. Au vu de  grand Génocide Tcharents présente la manière d’agir aventurière des «hommes d’affaires nationaux», la fausse fanfaronnade patriotique et les dégâts qu’ils ont causés au peuple. La légende dantesque se transforme en Vahagn mythique et elle renaît comme un rêve national, que Tcharents a essayé de transmettre «le mythe, la douleur du cerveau et la maladie du cœur» en plateforme réelle avec ses héros en mettant des bases dans la réalité. Par le roman «Pays Naïri» (Yerkir Naïri) il a dessiné l’effondrement du pays et de la collectivité nationale à cause de dissension et des révoltes populaires. La chute de Kars n’était pas seulement la chute de Kars, mais la défaite et l’effondrement du peuple arménien. Dans ses œuvres Tcharents exprimait toujours l’espoir vers le salut de la patrie et de l’avenir. En automne de 1920 la Turquie attaque l’Arménie. Pendant les mois septembre et octobre Oltu, Sarighamich, Igdir et la ville natale du poète tombent. Au début du mois de novembre l’ennemi entre à Gyumri. Il semble que c’était le dernier jour de l’existence d’Arménie.

Cette situation pénible politique est exprimée dans «Mahvan Tesil» (La vision de la mort) qui est l’ensemble de tous les espoirs ruinés et de la tragédie de la patrie perdue. Les troubles et la tension du pays sont passés au jeune poète et Tcharents qui est prêt à sacrifice de soi fait appel non seulement d’être solidaire mais il a aussi envie d’être la dernière victime et martyre dans ce chaos et ces massacres. Dans cette œuvre se manifeste l’inquiétude du poète vers la fortune de la partie et en tant que dernier chanteur du pays Naïri il est prêt à devenir la dernière victime et la base essentielle de la nouvelle vie.

«Թող ո՛չ մի զոհ չպահանջվի ինձնից բացի,

Ուրիշ ոտքեր կախաղանին թող մո՛տ չգան.

Եվ թող տեսնեն ի՛մ աչքերի մեջ կախվածի

Նոքա տեսնեն պայծառ օրերդ ապագա,-

Թող ո՛չ մի զոհ չպահանջվի ինձնից բացի,

Ո՛չ մի ստվեր կախաղանին թող մոտ չգա…»:

À la croisée de l’histoire

Son dernier livre intitulé «Le livre du chemin» devient la dernière base des réflexions, des désappointements et des attentes du poète. Hr. Tamrazyan, un critique littéraire dit.

««Le livre du chemin» est le livre de la vie soufferte, de la pensée brûlante et du sang».

Étant inspiré par les idées de Khorentatsi, d’Abovyan, de Siamanto, de Komitas et de Toumanian dans son recueil Tcharents parle avec l’homme du futur de la tragédie de la fortune nationale.

Un lien intérieur se crée entre le chapitre intitulé «Les mœurs insensés de nos premiers seigneuries», le fameux «Tragédie» («Ողբ») et le poème «À la croisée de l’histoire» («Պատմության Քառուղիներով»). L’esprit de Siamanto ressuscite en quelque sorte dans «La vision de la mort» («Մահվան տեսիլ»). L’image dramatique d’Abovyan se révèle dans le poème «Vers le mont Massis» («Դեպի լյառը Մասիս»), le parallèle est souligné entre le héros historique Vardan et le nouvel héros révolutionnaire, le mythe et la réalité s’opposent, tout à coup Tcharents s’approche aussi de l’épopée du héroïsme et de l’origine du peuple arménien», – dit Hr. Tamrazyan.

En tout cas l’écrivain perspicace en prévoyant la catastrophe survenue essaie d’examiner les conseils intérieurs et l’épreuve de l’histoire en résumant la philosophie de la fortune historique du peuple. Par tous ces moyens, par les transitions délicates lyriques- analytiques Tcharents crée la chanson de la fortune arménienne. Sa poésie lyrique est pleine des questionnements indirects: pourquoi nous étions pauvres, d’où viennent nos chutes, pourquoi nous n’avons pas passé les chemins séculaires de l’histoire à pas fermes? Les bases psychologiques de ces questions sont compréhensibles. Auparavant on a vu des massacres, la vie du peuple arménien se trouvait sur la frontière de la mort et de la vie, on ruinait partout, des cadavres et des hommes demi-morts et le présent ne donnait aucun espoir. L’une des principales préoccupations de Tcharents étaient aussi les pertes morales et physiques de notre peuple sur ce chemin difficile.

En réfutant dans son recueil «Le livre du chemin» le travail des clercs du moyen âge «géniaux» mais «cruels» («L’éloge du raisin, du vin et de la littérature») il explique la raison essentielle de sa douleur. Ces clercs ont endurci dans leurs chambres obscures «un peuple esclave». Tcharents exprime la même idée dans le poème «À la croisée de l’histoire». Le poème  commence ainsi:

«Պատմության քառուղիներով մենք քայլել ենք երկար`
Անղեկ, ցաքուցրիվ, անգաղափար,
Հին դարերից մինչև այս հանճարեղ ներկան,
Որ հուրհուրատում է մեր դեմ գալիքնափայլ»:

Yéhgiché Tcharents passe à travers les croisés de l’histoire, il examine chaque sentier, il montre qu’on a eu un glorieux passé mais finalement nous avons fait de notre terre et de notre pays un champ.

Il trouve la base de la pauvreté et de l’esclavage du peuple dans la fausse éducation et la morale donnée par le clergé, ils n’ont pensé qu’à l’aisance et à la subsistance et dans leurs chambres ils n’ont pas gardé de fer ou bien d’autre arme pour mêler le cas échéant «les chansons puissantes à la force des armes» et ne pas rendre le peuple orphelin.

«Փոքրիկ, ողորմելի, խեղճ-

Իրենց մութ պատերում մի բուռ ոսկի պահած,

Եվ ո՛չ մի, ո՛չ մի մեխ,-

Ո՛չ մի կտոր երկաթ, կամ անագե շաղախ,

Կամ մարմարյա մի սյուն, կամ թեկուզ կիր,

Որ փորձության պահին անձրևներից մխար

Եվ իր ծուխը խառներ ըմբոստության երգին…»:

Alors ça devient clair que pour Tcharents le plus important c’est la dignité nationale, la conscience de la force, de la puissance et de l’estime de soi.

C’est vrai que l’écrivain ne réfute pas les victoires retrouvées de temps en temps mais il remarque aussi que tout cela était grâce à l’unanimité nationale. Pendant les siècles nous avons sollicité la liberté et la justice des pays étrangers mais au résultat on a perdu même tout ce qu’on avait. Puis c’était la période d’Israël Ori mais qu’est-ce que pourrait faire ce pauvre fils d’Arménien, quand le peuple, la nation étaient désunis et asservis. Bien que ce peuple ne fût  pas coupable parce que les mutations étaient apparues dans sa génétique et il était éloigné de ses sources, de la puissance païenne qu’il avait héritée de ses grands-pères. En conséquence, un jour cette énergie a été perdue, on l’a fermé dans une cellule obscure et l’a obligé à prier, ne pas prendre l’épée, mais à demander le salut, à ne pas conquérir sa place sous le soleil mais à mendier pour rester vivant même étant esclave. Et le loup déchiré arménien était parvenu au vingtième siècle et il va continuer comme ça si les derniers chevaliers ne prennent pas des mesures.

Ու կանգնած ենք ահա ապագայի հանդեպ
Զարմանալի՜ թեթև, զարմանալի՜ անդեմ`
Մերկության պես տկլոր ու անանցյալ…
Այդ մե՛նք ենք երևի այն ուղտը հաստակող,
Որ Հիսուսի առակին հակառակ –
Պիտի մտնենք` անգամ ասեղի նուրբ ծակով`
Ապագայի դրախտը անարատ…
Այդ մե՛նք ենք երևի այն հարուստը,
Որ անցյալի մեր այդ տկլորությամբ հարուստ –
Պիտի ժառանգենք մեր դարերի կորուստը,
Որ բոլո՜ր տկլորներին սահմանված է վերուստ…

Un peuple déplorable que n’a pas du passé, qui s’est nourri de vaines gloires, il se trouve devant son siècle et ce sont ses enfants qui ont honte au lieu de lui et ils font leur mieux pour cacher cette nudité nationale.

«O peuple arménien, ton seul espoir de salut réside dans ton unité».

L’écrivain qui connait bien la douleur du peuple ne peut pas être indifférent à ces douleurs, mais dans ces conditions politiques difficiles il est obligé de changer et de codifier son message. L’une de ces preuves est le poème «Patgam» («Message»). «Le livre du chemin» et «Le message» se créent de l’amour et de la peine que l’écrivain éprouve pour le peuple.

L’œuvre est écrite en 1933 et résume la vie littéraire et créative de Tcharents.

Pendant les dernières années de sa vie Tcharents était subit des interrogatoires. Il se trouvait sous la surveillance du gouvernement soviétique parce que Tcharents, avec quelques amis, (A. Bakunts, G. Mahari, S. Ter-Gabrielyan) étaient membres d’une société antirévolutionnaire et nationaliste et il voulait séparer l’Arménie de l’Union Soviétique. En conséquence, Tcharents est reconnu comme «l’ennemi du peuple». «Message» devient la dernière poésie qui condamne l’écrivain à mort.

En 1936 pendant un interrogatoire le juge d’instruction cite l’expression codifiée de la poésie

«Message»: «O peuple arménien, ton seul espoir de salut réside  dans ton unité».

Tcharents répond:

«Ce poème est écrit en 1933, quand on sait bien que la situation des régions montagneuses d’Arménie était catastrophique, c’était une condition objective pour mes idées pessimistes ce qui est exprimé sur quelques pages de mon livre et surtout dans ce slogan.

Question: De qui voulez-vous sauver le peuple arménien?

Réponse: Des dirigeants qui sont coupables pour la situation d’Arménie citée ci-dessus».

La base de cette idéologie est le pays Naïri dans sa totalité et son indivisibilité. L’écrivain vagabonde en quête de rêve de la patrie et enfin il comprend qu’on sera sauvé seulement en cas de réunification de la foule quand la grande Arménie et la petite Arménie cela veut dire l’Arménie Soviétique et le Diaspora se réunissent et luttent au nom d’un seul but, au nom de rétablissement de la liberté qui était perdue il y a des siècles. Mais il ne faut pas comprendre le but d’écrivain seulement dans le contexte politique: la situation culturelle était aussi pénible qui pourrait mener à la destruction. La nation reste ferme et unanime aussi par la langue, la foi et la culture et dans ce cas-là le pays souffre d’aliénation interne.

Mais Yéhgiché Tcharents a écrit les nouvelles  en vers «Homo Sapiens» et «Le garçon aux cheveux bouclés» pour confirmer qu’il croit encore en avenir. Malgré la situation débraillée, sale et désespérée de la nation le garçon aux cheveux bouclés de l’avenir viendra et sera la patrie de rêves qu’on imagine. Et on aboutit encore une fois à la prophétie de la collectivité nationale, le poème génial «Message» qui est le chef d’œuvre essentiel de Tcharents.

Alors en examinant les œuvres de Tcharents sur les thèmes de patrie et de nation on peut conclure que le but de vie de l’écrivain a été toujours la libération physique et spirituelle de la patrie. Il a examiné minutieusement toutes les pertes matérielles et morales qu’on a eu pendant les siècles, il a étudié profondément les liens de cause à effet de ces pertes et les a représentés. Il présente au lecteur les bases de l’idéologie nationale et aussi les conditions qui ruinent et qui gardent ses piliers. Yéghiché Tcharents a consacré sa vie et ses œuvres à l’examination du passé de la patrie, il a examiné ses jours, le présent et les questions fondamentales existant dans cette réalité, puis il a essayé de regarder vers l’avenir en espérant qu’il y aura des enfants aux cheveux bouclés dans leurs chemises blanches et propres. Et puis l’écrivain de génie a formulé l’idée ferme et ancestrale que le salut de la nation est dans l’unanimité et la collectivité, donc «O peuple arménien, ton seul espoir de salut réside dans ton unité».


Bibliographie

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  7. http://hetq.am/arm/news/20974/kardaceq-charenc-patmutyan-qaruxinerov.html


Auteur: Arlina Sargsyan. © Tous droits réservés.

Traduit par Taisya Hovhannisyan.